Nous devons produire de la chaleur pour chauffer les locaux et l’eau, pour cuisiner et pour les applications industrielles et cela représente 50% de la consommation totale d’énergie.
Passons maintenant aux mauvaises nouvelles : certains secteurs, en matière d’énergies renouvelables, accusent encore un retard et sont souvent ignorés dans les discussions publiques. Dans les secteurs du chauffage et des transports, le rôle des énergies renouvelables est bien moins développé, ces dernières ne couvrant que 10 % de la demande de chauffage dans les bâtiments et l’industrie (sans compter l’utilisation traditionnelle de la biomasse) et 3 % pour ce qui concerne les transports. Selon le rapport de l’Agence internationale de l’énergie intitulé « Suivi des progrès en matière d’énergie propre » (Tracking Clean Energy Progress) (2018), l’analyse la plus complète et actuelle de la transition vers une énergie propre, les secteurs du transport, du refroidissement et du chauffage ne sont pas encore prêts à atteindre les objectifs à long terme relatifs au climat, à l’accès à l’énergie et à la pollution atmosphérique.
Dans le secteur des transports, la transition énergétique exigera une adoption massive des véhicules électriques. À l’heure actuelle, la part des véhicules électriques dans la flotte totale de véhicules particuliers, de véhicules commerciaux et de bus est faible, elle représente moins de 0,4 %. Toutefois, des chiffres record de vente de voitures électriques (1,1 million) ont été enregistrés dans le monde en 2017, portant la flotte globale à plus de 3 millions.
Les biocarburants représentent une option complémentaire pour le secteur des transports et seront particulièrement importants pour les véhicules utilitaires lourds et l’aviation. Une croissance de 2 % en 2017 n’a pas été assez rapide pour satisfaire la demande. En fait, il faut que l’utilisation des biocarburants triple pour garantir que leur part dans la demande émanant du secteur des transports atteigne 10 % d’ici 2030. À cette fin, il faudra réduire les coûts des biocarburants avancés, généraliser une gouvernance de la durabilité et adopter plus largement ces carburants dans les transports aériens et maritimes.
Le chauffage constitue un autre potentiel négligé, pour les sources d’énergie renouvelables. Nous devons produire de la chaleur pour chauffer les locaux et l’eau, pour cuisiner et pour les applications industrielles et cela représente 50% de la consommation totale d’énergie. Aujourd’hui, la plus grande partie de la demande de chauffage est couverte par les combustibles fossiles qui, dans de nombreuses villes du monde entier, contribuent eux aussi à polluer l’air. La consommation de chaleur produite à partir de sources renouvelables a augmenté d’environ 20 % entre 2010 et 2017, mais il faudrait la renforcer bien davantage.
Les décideurs politiques ont commencé à prendre conscience de l’importance de ce secteur. La Chine, le plus grand consommateur de chaleur au monde, a des objectifs et des projets ambitieux visant à intensifier le recours à des modes de chauffage plus propres, notamment grâce au solaire thermique, à la géothermie et à la bioénergie. L’Union européenne, qui est déjà le plus gros consommateur de chaleur renouvelable, a adopté un objectif consistant à encourager les États membres à renforcer de 1,3 point de pourcentage par an l’utilisation de sources d’énergie renouvelables dans le chauffage et le refroidissement d’ici 2030. Et les Pays-Bas qui, actuellement, n’utilisent pratiquement que du gaz naturel pour se chauffer, ont supprimé le droit légal de disposer d’un raccordement au gaz dans les nouveaux logements et encouragent d’autres solutions à base d’énergies renouvelables.
L’industrie, quant à elle, offre davantage de possibilités d’utiliser la chaleur renouvelable. La bioénergie, notamment, est déjà utilisée dans les cas où sont générés des sous-produits ou des résidus qui s’y prêtent, comme dans l’industrie de la pâte à papier et du papier. La chute rapide des coûts des solutions photovoltaïques solaires et éoliennes pourrait radicalement réduire ceux de l’électrolyse de l’eau et permettre une substitution rentable, par rapport à l’hydrogène produit à partir de combustibles fossiles. L’hydrogène est déjà utilisé dans les raffineries pour fabriquer des produits pétroliers plus propres et dans l’industrie chimique pour produire du méthanol et de l’ammoniac, composants de base des engrais à l’azote. Il pourrait aussi être employé dans la sidérurgie pour réduire considérablement les émissions de dioxyde de carbone.
Enfin, l’Agence internationale de l’énergie a estimé que le secteur du refroidissement constitue l’un des principaux domaines où l’on manque de visibilité dans le système énergétique mondial car c’est aux fins du refroidissement dans les bâtiments que la demande en énergie affiche la croissance la plus rapide. Les ventes grimpent trois fois plus vite que l’amélioration de l’efficacité des ressources et, au cours des 30 prochaines années, il sera vendu 10 climatiseurs par seconde en raison du réchauffement planétaire.